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Pour Driss Lachguar, l’USFP a dans son agenda des questions politiques largement prioritaire à une rencontre avec le mouvement de El Himma.

Q uestion: Maintenant que nous savons qu’il s’agit d’une association et non d’un parti, avez-vous changé votre avis ? 
Driss Lachguar : Vous savez, je pense qu’enfin de compte Mr Aali El Himma est entrain de tirer des leçons de l’expérience organisationnelle du mouvement intégriste. 

Q : Dans quel sens ? 
DL : Dans le sens où l’expérience de l’USFP a été celle d’un parti qui a participé et encouragé la fondation de plusieurs associations, organisations, syndicats et groupements professionnels.
Avec les mouvements intégristes,  nous avons assisté a l’émergence d’un modèle différent, celui de l’association qui fonde le parti. Ceci est en effet le cas de l’association qui a donné naissance au PJD. 
Je me demande s’il ne s’agit pas simplement d’une mode, ou même d’un choix de facilité, ou alors probablement que l’expérience du PJD a plu aux instigateurs de cette initiative, qui espèrent arriver à la mise en place d’un grand parti. 

Q : mais puisque le mouvement pour tous les démocrates a les même slogans que les votre et se fixe les même objectifs que vous, pourquoi ne l’acceptez-vous pas ? 
DL : Nous ne l’acceptons pas à cause du manque de clarté. Pourquoi le mouvement n’a-t-il pas choisi de se définir comme parti politique et de se battre à armes égales avec les autres partis. Ce mouvement a vu s’ouvrir devant lui les plateaux de télévisions nationales, ses dirigeants se sont exprimés alors même qu’ils n’ont aucune légitimité d’un point de vu juridique. 
S’il s'agissait d’une autre association elle aurait été purement et simplement poursuivie en justice. 
En effet, une association n’a le droit d’accès à l’opinion publique que si elle a tenu son assemblée générale, déposé le PV de l’AG ainsi qu’une masse de documents concernant les membres de son bureau (y compris le casier judiciaire). 

Q : justement il ne s’agit pas d’une quelconque association, les personnalités qui sont à son origine vous assurent la majorité parlementaire grâce à un groupe de plus de 30 représentants. 
DL : à l’USFP se que nous n’acceptons pas c’est que ces gens prétendent avoir fondé un mouvement plus grand ou plus important que tous les partis. C’est nous qui sommes les porteurs du projet démocratique et moderniste. Nous avons tant sacrifié pour ce projet. Nous n’acceptons pas par conséquent qu’on parle de démocratie et de modernité comme des inventions d’aujourd’hui. 
Aujourd’hui les marocains, peuple et monarchie, ont adopté ce projet, et c’est pour cela qu’on ne comprend pas pourquoi certains veulent nous convaincre que le temps s’est arrêté et que nous sommes tributaire de l’annonce de ce mouvement et de « son projet » d’un Maroc démocratique et moderne. 

Q : Pourquoi aviez-vous choisi de vous exprimer la première fois sur les colonnes de « 3adala Wa Ttanmya » ? Quel message cherchiez-vous à transmettre ? Êtes-vous prêt à vous allier au PJD pour contrer Fouad Aali El Himma ? 
DL : c’est vrai qu’en politique on trouve beaucoup la logique du message à déchiffrer. D’ailleurs, avant que je ne donne cette interview à « 3adala Wa Ttanmya », M. El Himma avait fait une visite au siège du PJD, or je pense qu’il n’est pas sain de jouer sur toutes les cordes. 
De notre côté nous sommes très clairs et je ne pense pas que l’interview que j’ai donné puisse être mal-interprétée, bien au contraire, s’il y a un parti marocain qui a mené un vrai combat idéologique avec le PJD c’est bien l’USFP, et nous continuons à le faire. Si le paysage politique marocain était suffisamment clair il aurait naturellement créé une bipolarité entre une droite que représenterait le PJD et une gauche qui se matérialise dans l’USFP (de par son histoire et son encrage dans la population) ainsi que tous les partis démocrates de gauche. Pour ces raisons, mon interview ne peut être interprétée que dans le contexte auquel elle répond. 

Q : Pourquoi n’aviez-vous pas exprimé ces critiques à l’encontre de Fouad Aali El Himma quant il était au gouvernement, sachant que d’autres acteurs n’hésitaient pas à le faire. Pourquoi avoir attendu les résultats des élections législatives ? 
DL : Nous analysons et traitons les situations dans leur contexte. D’ailleurs même quand Fouad Aali El Himma était aux côtés de camarades usfpistes ministres au gouvernement nous étions le seul parti qui s’est opposé au ministère de l’intérieur sur des questions de droits de l’homme et des libertés publiques, ainsi que pour ce qui est de l’application des recommandations de l’IER. Nous nous sommes également opposés aux incohérences et manquements que comportait la loi sur les partis. Enfin, nous étions les seuls à alerter l’opinion publique sur les risques du 7 Septembre. Makheureusement,  Mr El Himma avait réussi à l’époque à s’entourer de personnalités de gauche et de droite pour contrer la proposition de l’USFP quant au seuil d’éligibilité. 
Aujourd’hui on voit bien que la suppression de ce seuil avait principalement pour but de briserla gauche marocaine. 
Tout cela pour dire, que nous arrivions à nous mettre d’accord avec Mr El Himma sur certaines actions qui vont dans l’intérêt de notre pays et que nous n’hésitions pas à s’opposer à lui quand cela est nécessaire. 

Q : pourtant certains disent que votre position est motivée par les résultats que votre parti a obtenus aux dernières élections. Auriez-vous attaqué cette initiative si vous aviez personnellement gagné le scrutin ? 
DL : Vous construisez votre question sur des « si », en politique on juge les actes et non les hypothèses. 

Q : la légitimité de ma question vient du constat suivant : puisque tous les partis sont du côté de la monarchie, avoir un parti de plus ou de moins ne devrait rien changer. Et pourquoi dit-on que « le roi n’a pas besoin des partis » ? 
DL : j’estime que la constitution du pays est suffisamment claire sur cet aspect. Elle positionne le Roi au-dessus des partis. Et d’ailleurs ce débat n’est pas d’actualité dans notre pays. 

Q : Certains compare ce mouvement au FDIC, pensez-vous qu’il y ait autant de ressemblance entre le Maroc actuel et celui des années 1960 ? Ne serait-ce pas cette idée que El Himma a qualifiée de « Vision passéiste » ? 
DL : L’abstention du 07 septembre remet en question l’avenir du processus démocratique. Je pense que la question des réformes constitutionnelles et politiques s’impose aujourd’hui à tous les acteurs de l’Etat. Il est grand temps que le débat sur ce tte question puisse avancer. 
À voir les interprétations qui ont été faites de l’abstention lors des dernières législatives, nous constatons malheureusement deux visions différentes : (1) une vision progressiste qui considère que les réformes constitutionnelles d’une part et la résolution de la question institutionnelle de l’autre, sont le moyen de redonner du crédit au processus démocratique aux yeux des citoyens.Tout report de ces réformes serait absurde. Et (2) une vision autre qui considère à tort que nous avons un problème de partis politiques et que le pays n’a pas besoin de s’attarder sur les questions de démocratie, qu’il suffit de continuer sur les chantiers économiques et sociaux déjà entamés. Ceux qui défendent cette dernière vision vont jusqu’à croire que le peuple marocain a déjà toutes les libertés et tous les droits [et que ce n'est pas la peine de lui en donner plus]. Ils pensent que nous avons besoin aujourd’hui d’un parti fort capable d’affronter le courant intégriste obscurantiste. Je me pose donc des questions quant au but derrière la création de ce Mouvement. Est-ce qu’il sera effectivement en confrontation avec le mouvement intégriste ou plutôt contre les partis démocrates progressistes, lesquels ont milité longtemps pour mettre le pays sur les rails de la démocratisation ? Est-il nécessaire, pour vaincre les intégristes, de sacrifier au passage les voix réellement progressistes et les partis vraiment démocrates ?
Je pense que cela risque d’enlever l’élément qui nous distinguait le plus de nos voisins arabes et africains, c’est-à-dire l’absence du parti unique de notre histoire politique. 
Je crains qu’on ne soit entrain d’entrér dans une phase de ralentissement voire de blocage du processus démocratique. Pour autant je ne remets pas en cause notre engagement dans le travail gouvernemental de 1998 à 2007, mais je me pose beaucoup de questions sur l’avenir de notre pays.
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