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«Là-bas, on se sentait vraiment étrangers. On n’avait rien à y faire. Rien ne correspondait à ce que nous sommes ». Les confidences de cette parlementaire istiqlalienne  ont des accents d’aveu. L’Istiqlal vient de revêtir les habits de l’opposition et ses militants  se sentent soudain plus  à l’aise, comme plus légers. 
 Ce lundi 15 juillet, le passage à l’opposition de Hamid Chabat et ses  ouailles s’organise officiellement. Les Uspéistes au sommet accueillent, au siège du parti de la Rose sis à Hay Ryad, les membres de l’instance exécutive de l’Istiqlal. Ils sont tous là, presque au grand complet. Driss Lachgar, le secrétaire général de l’Union socialiste des forces populaires, hôte de la rencontre, les reçoit à la porte, avant de les accompagner à l’ascenseur. Sourires, accolades, rires : l’ambiance  est chaleureuse, l’humeur est comme  guillerette, le moral des troupes gonflé à bloc. « Ce sont deux familles qui se retrouvent pour ne plus se quitter. Nous n’avons plus le droit de le faire. Il y a trop de menaces dans l’air. Les acquis d’une longue lutte sont en péril. L’USFP et l’Istiqlal ne sont forts que dans l’union. Nous l’avons montré tout au long de l’histoire politique du pays », rappelle celle qui est membre du Bureau politique de l’USFP, des trémolos dans la voix. 
Il y a là, entre autres,  Yasmina Baddou, Taoufiq Hjira, Mohamed Ansari, Adil Douri en grandes discussions avec Habib El Malki, Fatiha Saddass, Abdelkrim Benatik. Driss Lachgar et Hamid Chabat prennent la pose donnant à voir une poignée de mains vigoureuse et une complicité évidente. Ce n’est pas seulement pour la photo souvenir. Le moment est historique. Les bureaux politiques des deux formations, désormais axe fort de l’opposition, tiennent réunion conjointe au terme de laquelle un communiqué commun a été rendu public. 
Un communiqué dans lequel les deux partis ont notamment appelé à la fin de «l’hégémonie sur l’information, le respect de la diversité artistique et culturelle et le renforcement de la mobilisation pour la défense de l’intégrité territoriale». L’USFP et l’Istiqlal ont également insisté sur la promotion des droits de la femme et la protection des acquis des Marocaines. 
Quelques heures auparavant, l’USFP et l’Istiqlal avaient réuni leurs instances exécutives respectives. « Nous avons débattu de la situation politique du pays et de la nécessaire organisation et mobilisation de l’opposition qu’incarne désormais le tandem USFP-Istiqlal. Nous avons également examiné les points forts d’une coordination de nos deux partis», nous apprend ce ténor de l’Union socialiste des forces populaires. 

Un front «contre 
personne» mais pour sauver la démocratie
 
Depuis plusieurs semaines déjà, les prémices du rapprochement Istiqlal-USFP avaient commencé. Les réunions formelles et informelles se sont multipliées. Les actions se sont précisées dessinant un avenir commun sur les travées de l’opposition et se faire « force de proposition alternative ». Driss Lachgar, le secrétaire général de l’USFP, a les mots pour le dire, égrenant les séquences d’une histoire commune résolument militante.  « Nous avons la légitimité historique en plus de celle militante. Le nouveau pacte liant les deux formations politiques procède d’abord de la clarté et puise sa source dans le référentiel et les combats menés en commun par les Socialistes et les Istiqlaliens. Au sein du Mouvement national, nous avons lutté ensemble contre l’occupant et pour la libération des peuples. Ensuite, nous avons milité ensemble, à l’indépendance, pour que soient édifiés l’Etat-nation, la démocratie transparente, et la non falsification des élections jusqu’à l’avènement du gouvernement d’alternance dont l’Istiqlal et l’USFP ont constitué l’épine dorsale ». 
A 17 heures, ce même lundi 15 juillet, les bureaux politiques de l’USFP et de l’Istiqlal ont tenu réunion au sommet. Un peu moins de deux heures pour sceller un engagement fort dûment préparé en amont. La coordination des deux partis –qui pèsent désormais 99 sièges à la Chambre des représentants- n’est pas un simple mécanisme politique. Car c’est bien au-delà de la coordination que se situent ces deux forces principales de l’opposition. La constitution d’un front moderniste, démocratique et progressiste est en fait l’objectif principal de ce rapprochement fort. « Un front qui regrouperait aussi bien les politiques, les syndicalistes, les associatifs appartenant à différentes structures, qu’elles soient des droits de l’Homme, féministes, de jeunesse, sportive et qui défendrait les principes de justice, de démocratie, d’égalité », a déclaré à « Libération » le secrétaire général de l’USFP. 
Une coordination –Driss Lachgar parle d’une initiative nouvelle qui se situe dans la logique de la Koutla watanya et, plus tard, de la Koutla démocratique- et un front dont les promoteurs assurent qu’il n’est pas contre qui que ce soit. « Ce front vise  à redonner espoir, l’espoir d’une alternative démocratique possible. Nous allons nous faire force réelle et concrète de proposition pour que soit dynamisée la Constitution à travers la proposition de lois organiques et de réformes politiques. Deux ans après l’adoption de la nouvelle Constitution, rien n’a été fait. Nous allons également nous faire alternative pour répondre à la crise économique et sociale. Nous pensons ici à la Caisse de compensation, à la Caisse des retraites, à l’emploi, à la santé, à l’enseignement. Le temps de la marginalisation est terminé », a annoncé M. Lachgar dans une déclaration faite à notre journal.

 

Mercredi 17 Juillet 2013
Narjis Rerhaye
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